GRAND ANGLE

Pour commencer à finir l’hiver

Une patinoire au centre-ville ? Montréal serait sur le point de dévoiler un plan de construction sur l’esplanade Clark. 

David Marin était prêt à « échanger l’hiver contre deux mois de mai », hier soir à L’Astral. On ignore si le jongleur de mots a trouvé preneur, mais pour le reste de ses compatriotes, il reste officiellement trois semaines. Comme toujours quand arrive la Nuit blanche de Montréal en lumière. Trois semaines avant le printemps, dont l’équinoxe, selon nos calculs, surviendra le jeudi 20 mars à 16 h 56.

Trois semaines d’un hiver, donc, que les Montréalais ont encore passé sans pouvoir profiter d’une patinoire au centre-ville. Eux qui naissent avec des patins aux pieds, on se répète, dans la capitale mondiale du hockey.

Il semble toutefois que cette incongruité historique tire à sa fin. Des plans existent depuis plusieurs années pour la construction d’une patinoire sur le terrain vague qui s’étend au nord-ouest de l’intersection Clark-Sainte-Catherine. L’émergence du Quartier des spectacles – et de son structurant Partenariat – a vite ramené le problème du stationnement dans le secteur. Oui, il y a ce terrain sur la Clark… où on doit construire une patinoire.

Alors, quoi ? Une patinoire couverte d’un parking, vivement souhaité, lui, par les riverains du Quartier des spectacles ? Un parking avec patinoire sur le toit et vue imprenable sur la Place des Arts et l’édicule du métro Saint-Laurent ? Les discussions ont été longues, car, comprend-on, il y avait beaucoup d’anti-parking autour de la table, à l’hôtel de ville.

Quoi qu’il en soit, la Ville serait sur le point, selon nos sources, de dévoiler son plan PPPP (patinoire-parking-parcours piétonnier) pour la construction, sur l’esplanade Clark, de ce que le site de Montréal décrit encore comme « un plateau polyvalent permettant d’accueillir des activités toute l’année ».

On devrait connaître en même temps les modalités de la « piétonnisation partielle » de la rue Sainte-Catherine. Pour l’heure, la rue est entièrement piétonnière pendant les grands festivals, entre Saint-Laurent et De Bleury, mais l’aménagement de la rue « sans trottoir ou démarcation physique entre la chaussée et l’allée piétonnière » va jusqu’à la rue Saint-Dominique, devant le Métropolis.

Un patinoir ?

On parlait probablement de construire « un patinoir » au centre-ville dans les années 20, quand le mot était encore masculin. Rien d’incongru là ; la plupart des mots en « oir » désignant un lieu ou un objet destinés à une fonction précise sont masculins : fumoir, ostensoir, urinoir.

Pourquoi « patinoir » est-il, tout à coup, passé au féminin au tournant des années 30 ? Même Benoît Melançon, sportif lettré de l’Université de Montréal, l’ignore. L’auteur du livre Les yeux de Maurice Richard abordera peut-être la question dans Langue de puck. Abécédaire du hockey, un ouvrage qui contient quelque 650 termes du monde du hockey, pas tous approuvés par l’Académie française. Melançon y donne-t-il son 110 % dans les deux sens du patinoir ? On verra à la sortie du livre le 5 mars, quand ça va commencer à sentir la Coupe…

Portez à l’agenda

Pour rester dans le contexte hivernal… Le premier de trois concerts « autour » du Voyage d’hiver de Franz Schubert, dans la programmation classique de Montréal en lumière, a été donné hier à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts : version originale avec le ténor Jan van Elsacker et Tom Beghin au pianoforte.

Le deuxième concert, la « version de chambre » arrangée par Normand Forget, se déroule ce soir au même endroit ; avec le baryton-basse Daniel Lichti, le quintette à vent Pentaèdre et l’accordéoniste Joseph Petric.

Le troisième et dernier volet est présenté dimanche à 16 h. Il s’agit de la version de Hans Zender de 1993, pour ténor et ensemble de 24 musiciens, ici Rufus Müller et le Nouvel Ensemble moderne (NEM) dirigé par Lorraine Vaillancourt.

On sait que le chanteur Keith Kouna a lancé en décembre un disque de ses propres réécritures, en français, des poèmes de Wilhelm Müller sur lesquels Schubert a composé ses 24 lieder pour voix et piano, un an avant sa mort, à 31 ans.

Les mélomanes qui ne l’ont pas déjà fait et ceux qui veulent tenter l’expérience voudront lire, tranquillement, parce qu’il y a épais de neige, Wanderer de Georges Leroux (Éditions Nota Bene), prix du Gouverneur général 2011 pour l’essai. Cet ouvrage, qui contient une suite photographique de Bertrand Carrière, est peut-être ce que l’édition québécoise a offert de plus achevé en écrits sur la musique. Entre Larmes glacées et Rêves de printemps

Sachons par ailleurs que la Galerie lounge TD de la Maison du Festival présentera demain à la Nuit blanche, en boucle de 20 h à 3 h, le film d’animation La constellation de l’Aigle de René Derouin et Michel Arsenault. Il est assez rare qu’un artiste fasse l’objet de deux expositions en même temps dans la ville. C’est le cas de René Derouin. Jusqu’au 11 mai, la Galerie TD présente Éclipses, composée d’œuvres récentes de l’artiste continentaliste. Son exposition Fleuve, grandiose, est encore à la Grande Bibliothèque jusqu’au… quatrième jour du printemps.

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